Jarosław Różański, L’œuvre des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée polonais au Cameroun (1970-2010), Roma: Missionarii OMI 2021.
La mission des Oblats de Marie Immaculée au nord du Cameroun est l’une des plus belles pages, encore largement méconnue, de l’histoire de cette congrégation. En soixante ans, dans cette région à peine touchée par l’évangélisation, cinq diocèses dynamiques ont vu le jour – quatre au Cameroun et un au Tchad – avec leurs propres traditions, un clergé local, des communautés religieuses, un grand nombre de fidèles, ainsi que des institutions chrétiennes. Bien que l’on ne puisse juger du niveau d’enracinement du christianisme dans la culture locale, il convient d’apprécier l’intégration au christianisme, représenté par l’Église catholique, de nombreux éléments de la culture locale. Le christianisme s’y est enraciné pour de bon. Après le Concile Vatican II, en raison du manque de vocations dans les provinces oblates de France, l’activité missionnaire dans le Nord-Cameroun connait des changements fondamentaux. Une contribution particulière a été apportée par les Oblats de la Province de Pologne. Le premier groupe d’Oblats polonais est arrivé à Guider le 4 février 1970. Il se composait des pères Tadeusz Krzemiński, Czesław Szubert, Józef Leszczyński et Eugeniusz Juretzko. Ce groupe a été rejoint par deux Oblats français d’origine polonaise qui travaillaient dans cette région depuis plusieurs années : les pères Paweł Michalak et Feliks Strużek, créant ainsi le « Groupe dit polonais », dont le supérieur était le père Michalak. Dans les années 1971-1975, ce groupe a atteint le nombre de 15 missionnaires, parmi lesquels on compte deux séminaristes en stage missionnaire. En 1975, les Oblats polonais desservaient déjà 8 missions et 215 communautés chrétiennes dans la brousse. Ils avaient eux-mêmes fondé la moitié de ces missions et 63 communautés en brousse.
En 1975, la Délégation de la Province de Pologne des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée à Figuil, en abrégé « la Délégation de Figuil », était érigée. Cette nouvelle structure religieuse a permis d’améliorer les activités. Rien qu’en 1978, dans les missions desservies par les Oblats polonais, 1 050 personnes ont été baptisées et il y avait environ 6 000 catéchumènes. Dans les dix dernières années du XXe siècle, les Oblats polonais desservaient déjà 13 missions, atteignant près de 500 communautés chrétiennes dans la brousse. Malgré un renouvellement continu, le personnel de la mission de la Délégation de Figuil a toujours tourné autour de 30 missionnaires. Certains d’entre eux ont quitté le Cameroun pour des raisons de santé. Dans les dix dernières années du XXe siècle, les Oblats polonais représentaient près de la moitié du clergé de l’archidiocèse de Garoua. À partir de 1980, les pères Eugeniusz Juretzko, Józef Leszczyński, Krzysztof Trociński ont également été vicaires généraux du diocèse.
Dans la zone confiée aux Oblats polonais pour l’évangélisation il y avait déjà trois missions bien organisées, celles de Guider, Lam et Bidzar en pays Guidar. Un missionnaire de Guider allait régulièrement à Mandama au pays Daba. Au tournant des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, les Oblats polonais ont pris en charge quatre autres missions en dehors de la zone qui leur avait été confiée : Poli, Fignolé, Ndingtiré et Karna-Mbé dans le diocèse de Ngaoundéré. C’étaient leurs premières missions en dehors de l’archidiocèse de Garoua. Ensuite, après la nomination du père Eugeniusz Juretzko comme ordinaire du diocèse de Yokadouma, le 20 mai 1991, les Oblats polonais ont accepté la mission de Salapoumbé dans son diocèse.
Les Oblats polonais ne se sont pas limités à la prise en charge de missions déjà établies. La première installation, fondée de toutes pièces par les Oblats polonais, était la mission de Figuil. La construction des fondations matérielles de la mission a débuté en juillet 1973. Le 1er janvier 1975, une nouvelle église fut consacrée, qui devint un bon exemple d’inculturation dans l’architecture sacrée. Dans la mission de Figuil sont nées les premières vocations sacerdotales et religieuses. Cette mission est devenue la mission principale des Oblats polonais dans le Nord-Cameroun et le siège des autorités de la Délégation de la Province de Pologne.
De nouvelles missions ont été fondées à Bibémi, Boula Ibib, Tcholliré et Madingrin. La dernière mission fondée par les missionnaires Oblats polonais dans le nord du Cameroun a été celle de Mayo Oulo. En outre, les Oblats polonais ont également fondé deux missions dans le diocèse de Yokadouma : Garigombo-Ngoundi et la paroisse Notre-Dame de la Paix, dans la ville de Yokadouma. Entre 1970 et 2010, ce sont au total 69 Oblats polonais qui ont travaillé au Cameroun.